Je ne sais pas pour toi, mais personnellement, même après avoir pratiqué le Jiu-Jitsu Brésilien de manière sporadique pendant 10 ans, et de manière continue depuis 2 ans, les doutes et la peur sont toujours présents. Attention, je ne parle pas de la peur que nous avions étant petits et qui nous pétrifiait, mais plutôt de la crainte. Quant aux doutes, ils sont accompagnés de nombreuses questions. Bien entendu, ces questions ont évolué au fil des années.
Si je me blesse !
Je ne crains pas les blessures, pour être clair. Comme je l’ai mentionné précédemment, j’ai pratiqué le JJB pendant 10 ans sans vraiment progresser. Maintenant que j’ai atteint une certaine stabilité, j’essaie d’être régulier, de participer à des compétitions et de donner vie à mon projet Road to Black Belt (dont l’ambition est assez claire, je pense).
Ce qui me fait peur, quelque part, c’est une blessure qui m’éloignerait des tatamis. J’ai vu de nombreux camarades tomber sur le champ de bataille et ne jamais se relever. Soyons honnêtes, une grosse blessure à plus de 30 ans signifierait probablement la fin de ma pratique. Je ne suis pas défaitiste, mais je pense que cela pourrait briser ma dynamique. C’est pourquoi j’appréhende ce moment.
Comme tout le monde, je ressens des désagréments mineurs, comme des douleurs aux doigts ou une guillotine mal placée quand on n’est pas assez échauffé… mais rien de grave. Mais que se passerait-il si je devais m’absenter pendant six mois ?
Concrètement, le problème avec une blessure sérieuse, c’est d’une part le temps que l’on doit passer loin des tatamis, et d’autre part la progression des autres pendant ce temps. Ce double effet peut avoir pour conséquence une perte de niveau, ainsi que de voir les autres progresser et me surpasser.
Il n’y a pas de jalousie ici.
Nous sommes tous des êtres humains, et c’est pourquoi cette double conséquence pourrait grandement me démotiver. C’est à ce moment-là que je commencerais à venir moins souvent, car chaque retour à l’entraînement serait à nouveau un combat contre moi-même, comme au début. Il faudrait que j’applique de vieilles techniques pour me remotiver.
Si je me fais démolir
L’adage dit qu’il faut laisser son ego au pied du tatami, et c’est encore plus vrai en JJB. Mais que se passerait-il si je me faisais défoncer par un nouveau ? Un ceinture blanche fraîchement arrivée ? Quelqu’un de plus mince, plus frêle, moins costaud… ? Cette pensée me traverse souvent l’esprit, surtout lors des randoris. Je ne dis pas qu’elle me paralyse, car j’y vais quand même. Mais si elle est trop présente, cela peut nuire. Cependant, comme j’ai déjà soumis des hauts gradés de mon niveau, je pense que cela peut m’arriver. Il suffit d’un mauvais jour, d’avoir envie de tester des techniques quitte à s’exposer, de tomber sur un génie ou une fausse blanche… Ça arrivera, donc il faut faire taire cette petite voix… Si je ne mérite pas ma ceinture bleue (ou une autre), sauf la blanche parce que c’est Décathlon qui me l’a donnée…
J’en ai déjà parlé longuement dans d’autres articles, notamment dans celui qui parle de l’abandon fréquent des ceintures bleues. Je pense que ne pas se sentir légitime est une sensation naturelle, à part pour quelques élus qui savent qu’ils sont bons. En dehors d’eux, je pense que nous nous posons tous cette question.
À la différence d’autres arts martiaux que je ne citerai pas pour ne pas m’attirer les foudres de certains, en JJB, nous remettons en question notre niveau à chaque cours. Et c’est là la beauté de ce sport. Une ceinture violette qui ne vient plus pendant 5 ans n’aura plus le niveau. Je ne dis pas qu’il ou elle redeviendra une blanche, mais il ou elle perdra clairement en niveau.
Avec tous ces éléments, il est normal de se demander si l’on mérite sa ceinture ou pas. Mais il ne faut pas se laisser aller, aucun coach n’a intérêt à te donner une ceinture qui ne représente pas ton niveau.
Si j’abandonne
Je l’ai évoqué brièvement plus haut avec le sujet de la blessure et de mes doutes sur le JJB. L’un des doutes que l’on peut ressentir, et que je ressens, c’est l’abandon. Le Jiu-Jitsu brésilien est un sport ingrat. C’est dur, contraignant, ça demande plus de temps que tous les autres sports… Et surtout, le taux d’échec pour atteindre le Graal, la ceinture noire, est énorme.
Pourquoi serais-je différent ? Je ne suis pas un professionnel, je ne vis pas de ma passion, je n’ai pas de part dans un dojo, alors pourquoi ne pas abandonner ? Pourquoi est-ce que je viens encore ? Une de mes phrases préférées est : « I’m too old for this shit » (ref : L’arme fatale). Même si dans la plupart des cas, je la dis en rigolant, parfois j’y pense sérieusement. Pas nécessairement en raison de l’âge, mais plus généralement sur la situation et… qu’est-ce que je fais là ? Je me pose souvent la question d’aller m’entraîner lorsque la journée de travail a été longue et épuisante. Ou bien quand il fait froid et que tu sais que le tatami est au moins à -8000 (ref : Mission Cléopâtre).
Il y a encore des fois où je préférerais faire le lézard devant la télé ou aller voir des potes. Et je remets tout en question. Je peux manquer un entraînement, je peux manquer une semaine, je peux arrêter le JJB. Personne ne m’en tiendra rigueur.
Suis-je le seul à me poser ces questions ?
Comme toujours, on pense que l’herbe est plus verte ailleurs. Que les autres ont trouvé leur voie et que tout roule pour eux. Je ne pense pas que ce soit le cas. Mais comme tout un chacun, je suis seul dans ma tête. Donc même si je sais bel et bien que nous nous posons tous des questions, j’ai quand même l’impression que moi plus que les autres. Que tout le monde autour de moi est serein, a le temps, prend du plaisir…
Si vous avez d’autres doutes ou peur en tête que je n’avais pas évoquées et que vous souhaiteriez que j’aborde dans un prochain article, n’hésitez pas à me les faire savoir dans les commentaires.
