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Peut on gagner sa vie dans le jjb ?


Bien que le JJB devienne de plus en plus populaire au fil des années, on ne peut pas dire que c’est le sport le plus pratiqué. Que ce soit dans le monde ou bien en France, notre sport reste un sport de niche. Quand on sait qu’il y a en tout et pour tout 3 millions de pratiquants à travers le monde et environ 25 000 en France, c’est un euphémisme de dire que ce n’est pas le sport le plus populaire.

Alors la question de vivre du jiu-jitsu peut être abordée sous plusieurs angles, que ce soit celui d’un athlète, celui d’un coach, ou celui d’un fan…

Nous allons tout d’abord explorer comment gagner de l’argent en participant aux compétitions, en d’autres termes, comment subsister financièrement grâce à sa pratique sportive.

L’argent des compétitions

Gordon Ryan : l’athlète le mieux payé du milieu

Dans un article complet, je parlais des compétitions existantes et de la manière de s’y inscrire. Un sujet que je n’avais pas abordé est la question de savoir s’il y a des « cash prizes » pour les gagnants.

En préambule, examinons d’abord combien gagne le meilleur dans le domaine, à savoir Gordon Ryan selon ses dires dans ce post de septembre 2022.

Bien sûr, il pratique le Grappling, mais cela reste un bon point de départ et de comparaison. Suite à l’un de ses messages, nous pouvons avoir une idée approximative de ses revenus annuels.

Gordon Ryan évoque lui-même ses gains, qui s’élèvent à environ 200 000 euros par an. Je sais que cela peut paraître énorme, mais en fin de compte, il faut relativiser. S’il est le mieux payé et le plus connu, cela signifie que l’on peut considérer que c’est le maximum du maximum.

Et ce niveau de rémunération n’est pas la norme, encore moins en JJB. C’est un peu comme dans le football. Certes, les montants sont beaucoup plus élevés, mais voici un exemple pour avoir une échelle de grandeur. Quand un Benzema est payé 100 millions par an, la moyenne en Ligue 1 est de 100 000 €, soit 1000 fois moins. Bon, dans le football, on parle même d’une bulle.

Si l’on compare dans le football, en Ligue 1, le salaire le plus élevé est celui de Kylian Mbappé avec 6 millions par mois. Encore une fois, par rapport à la moyenne de 100 000 €, on voit un rapport de 60.

Si on applique ce rapport dans le JJB, en comparant Ryan Gordon à un Mbappé, et vous à un pratiquant dans la moyenne, alors Gordon Ryan gagne grosso modo 17 000 $ par mois. Et pour vous on divise cela par 60, dans ce cas on est même en dessous du RSA.

Combien on gagne en compétition?

Alors vous me demanderez : « concrètement, combien on peut espérer gagner au max en compétition? ».
J’aborderai donc la question des montants du point de vue de la France. Pour évaluer les montants, ils seront bruts, sans la déduction des charges liées aux transports, à l’hébergement et/ou encore à l’inscription aux différentes compétitions.

Petit point qui a son importance : lorsqu’il y a des primes de compétition, il est rare qu’il y en ait pour les ceintures blanches. Les débuts des primes sont donc à partir de la ceinture bleue, voire au-dessus.

En France, sans citer les organisations, les plus gros gains que j’ai vus sont de 1500€ pour les ceintures noires s’ils remportent l’absolute en adulte. D’après ce que j’ai pu retrouver, la BSM Cup propose un cash prize de 500€ pour le vainqueur en absolute ceinture noire (homme et femme), pour le 2e 250€ et le 3e 150€.

En partant du postulat que toutes les compétitions, qui sont majoritairement le week-end, voire exclusivement, proposent le maximum, c’est-à-dire 1500€, il y a 4 week-ends par mois, ce qui fait un maximum de cash prize potentiel de 6000€ par mois.

Donc, pour gagner 6000€, cela impliquerait d’être le meilleur ceinture noire de France et de remporter toutes les compétitions. Bon, une fois qu’on a pu définir le maximum potentiel, en sachant que c’est faux comme montré, il y a des compétitions à 500€, d’autres moins et la grande majorité à 0. Mais on a de belles médailles 😊

Au final, si on prend mon exemple le plus favorable, on peut comprendre qu’il n’y a qu’une seule personne en France qui peut gagner 6000€. Le reste serait forcément à moins. Donc, vivre exclusivement de ses gains en compétition est quasi impossible, sans même compter sur le réalisme. Encore une fois, rares sont les compétitions à 1500€ de prime.

Autant dire que cette option n’est pas viable. Comme évoqué plus haut, je n’ai pas intégré tous les frais qui peuvent être liés aux compétitions.

Mais il y a d’autres moyens, comme celui que je présente ci-dessous.

L’argent des sponsors

Est-ce qu’on peut vraiment vivre avec l’argent du sponsoring dans le JJB ?

Avant même de répondre à la question, il faut comprendre l’intérêt du sponsoring. Ainsi, qui dit sponsor qui paie cher, dit sponsor qui attend des retombées à la hauteur. Quand on paie un Cristiano Ronaldo 10 millions par pub, ce n’est pas pour toucher 25 000 personnes (sauf si chacune d’entre elles peut acheter un produit à 100 000€, mais ça c’est une autre histoire). Donc l’intérêt de payer autant pour une marque c’est parce que potentiellement elle peut récupérer plus d’argent à la suite de la campagne. Ça, c’est le principe, on peut imaginer plein de variantes, mais vous avez compris l’idée.

La seconde question pertinente à laquelle il faut aussi répondre, c’est : y a-t-il un intérêt pour qu’il y ait du sponsoring dans le JJB ?

La réponse est évidemment est OUI. Même si ce sport reste une niche au niveau français, mais aussi au niveau international, il y a quand même du volume. Au niveau mondial, on compte environ 3 millions de pratiquants. En France, un peu plus de 25 000, ce qui n’est pas négligeable. À cela s’ajoute qu’à partir du moment où des marques développent des produits, il y a un intérêt à faire du sponsoring pour toucher leur cible.

Maintenant, si l’on reste dans le cas français, avec 25 000 pratiquants, et qu’on connaît à peu près le coût d’une année de pratique, environ 500€, dont voici le détail. Mais pour être large, on va se fixer comme dépense moyenne 1000€ par pratiquant et par an. Cela comprend le kimono, le sac, l’inscription au club et la licence, et un peu de budget pour se faire plaisir.

Donc, lorsqu’on fait 25 000 personnes X 1000€ = 25 millions d’euros par an. Ce qu’il faut comprendre, c’est que la taille totale du marché du JJB en France est égale à environ 25 millions d’euros par an. Le calcul est simplifié pour les plus pointilleux, mais nous donne au moins un ordre de grandeur. On n’est pas de l’ordre de la centaine de milliers d’euros ou bien du milliard. Cela permet donc de voir où une marque peut se positionner.

Une fois que nous avons ces éléments, il est évident qu’il y a un intérêt, surtout quand on voit des marques spécialisées comme Athom, Purple Belt Kitchen … Ils ont tout intérêt à faire connaître leur marque, et à l’ère des réseaux sociaux, l’influence a un grand avenir.

Maintenant, combien pouvons-nous espérer gagner avec du sponsoring ? C’est la seule question qui vaut la peine d’être posée après toute cette introduction, me diriez-vous… 😊

C’est très difficile à évaluer, car une dépendance dans le contexte des réseaux sociaux, c’est la notoriété de la personne, notamment sur les plateformes. Donc forcément, il peut y avoir de grandes disparités.

Déjà, il faut dire qu’il y a quand même plus de chances que vous soyez sponsorisé en nature plutôt qu’en argent. Une marque a plus d’intérêt de vous donner des produits, car vous êtes susceptible d’être plus souvent identifié avec que de l’argent.

Mais en termes d’argent, si vous arrivez un jour à gratter 1000€ / mois, c’est déjà le bout du monde. Et rares seront, dans l’état actuel du sport, les élus à pouvoir postuler à ce niveau de sponsoring. Et c’est simple à comprendre. Encore une fois, une marque ne vous paiera pas pour vos beaux yeux, mais uniquement pour le gain ou la légitimité que vous allez apporter.

Le coaching

Avoir sa salle

Une des manières de pouvoir vraiment gagner des revenus fixes est de devenir enseignant de jiu-jitsu brésilien, à l’instar d’un professeur de judo, de karaté, de boxe, voire même de Zumba.

Je laisse de côté la question de savoir comment ouvrir son dojo. Elle fera l’objet d’un guide complet, même si cela risque de n’intéresser que très peu de personnes. Pour le coup, le calcul est relativement simple pour savoir si l’enseignement est un bon moyen de financer son style de vie.

Grosso modo, lorsqu’on a une salle, pour connaître son chiffre d’affaires, il faut multiplier le nombre d’adhérents par le prix de l’abonnement. Je reprends les quelques chiffres que j’ai pu constater : l’abonnement le moins cher constaté est de 250€ et le plus cher de 750€ en France. Maintenant, il faut connaître le nombre d’adhérents. Je vais prendre une moyenne qui fluctuera en fonction de la localisation, de votre capacité à garder les anciens et à trouver de nouveaux adhérents.

En moyenne, on peut tabler sur 100 adhérents par club. Pour ceux que cela intéresse, j’ai déjà partagé plus haut, mais voici l’article dédié. Un club pourra espérer gagner entre 250€ et 750€ multiplié par 100 adhérents, soit entre 25 000€ et 75 000€. Ce montant est brut et par an.

Encore une fois, je n’entre pas dans le détail du calcul. Mais pour ceux que cela intéresse, j’ai utilisé ce simulateur de l’URSSAF. Ainsi, vous gagnerez en net entre 19 000€ et 55 000€, soit entre 1583€ et 4584€ par mois. Cela dépendra aussi du statut d’entreprise sélectionné.

Encore une fois, ces chiffres sont bruts et valables une fois que tout fonctionne bien. Les premières années, vous n’aurez pas les 100 adhérents, ou très peu de chances. Pour l’anecdote, j’ai déjà assisté à un cours qui était donné à 5 personnes. Sans compter que mon calcul parle de gains, mais il y a des dépenses : la salle, l’eau, l’électricité, l’entretien, les tatamis…

Autant dire que vous pouvez être dans la difficulté chaque mois, ou vous en sortir honorablement en fonction de tous ces facteurs. Mais cela reste une piste viable à mon sens.

Coaching privé

Une option supplémentaire qui peut être envisagée est le coaching particulier et/ou les stages rémunérés. En ce qui concerne le coaching particulier de JJB, les tarifs oscillent généralement entre 20€ et 50€ de l’heure. Soyons réaliste : combien de personnes connaissez vous qui prennent des cours particuliers de JJB ? Honnêtement, pour ma part, aucune. Mais admettons que vous puissiez trouver un élève.

La deuxième question est de savoir combien il pourrait potentiellement prendre de cours par mois. Pour ma part, je trouve qu’1 par semaine c’est déjà bien. Donc, au tarif maximal de 50€, vous pourriez espérer 200€ de gains.

La deuxième alternative, qui est plus viable ou pas, concerne les stages. Une condition pour pouvoir dispenser des stages est d’être brésilien… je plaisante, ou pas. Comme de toute façon, vous n’êtes pas dans ce cas, il faut au minimum être connu dans les sports de combat pour pouvoir donner des stages.

Cela implique forcément que vous ayez un palmarès pour être invité pour donner un stage. Cela veut surtout dire qu’avant d’arriver à cette étape, vous vous soyez déjà fait un nom. Il est pas nécessaire que ce soit dans le jiu-jitsu. Cela peut-être dans d’autres sports connexes tels que le judo, la lutte, le MMA, la thaï…

Chacun des sports cités peut apporter une plus-value pour les pratiquants de JJB. Si vous avez déjà brillé dans l’un de ces sports, vous pouvez être légitime pour donner des stages. Je pense que beaucoup serait prêt à payer pour un stage d’amener au sol dispensé par Teddy Riner.

Maintenant, parlons d’argent ! Combien peut rapporter un stage dans le monde du JJB ? Je partirai de mon expérience personnelle. J’ai vu des stages allant de 10€ par personne à 70€. J’imagine qu’il y en a de plus chers, comme si c’était GSP qui venait donner cours.

Pour savoir combien cela rapporte, il faut comprendre qu’en général, il existe deux modèles économiques :

  1. Celui qui dispense le stage fixe un prix par élève, et sa rémunération est aléatoire. C’est-à-dire qu’il sera payé entre 10€ et 70€ multiplié par le nombre de participants. C’est un peu risqué, mais le jeu en vaut la chandelle. Car s’il demande 30€ pour le stage par participant et qu’il y a 100 personnes, cela fait 3000€. Ce qui est pas mal pour 2 heures de travail. A cela s’ajoute 1 heure de service après-vente. C’est-à-dire, les photos, la conversation avec les élèves, la douche bien sûr pour ceux que ca intéresse lol).
  2. Celui qui dispense le stage demande un forfait défini avec le coach. C’est au coach de s’assurer qu’il y a suffisamment d’élèves pour ne pas avoir à payer de sa poche. Admettons que le forfait soit à 1000€ (toujours très bien payé pour 2h) et que le coach demande 20€ par élève. Si finalement 100 se présentent, cela fait un total de 2000€. Il y a donc les 1000€ pour le formateur et 1000€ en plus. Que le coach choisira de garder, rendre, acheter du matériel, payer un prochain formateur…

Disclaimer : Pour ceux qui ont la critique facile, je ne dis pas que les coachs sont du genre à faire ça pour gagner de l’argent. J’ai connu plus de coachs qui mettaient de leur poche que de coachs qui s’en mettaient dans la poche. Même si j’en ai connu un qui organisait des stages payants dans son propre club. Ça, c’est abusé de demander à ses élèves de payer en plus finalement pour un entraînement normal lol.

Coaching privé de sport

On s’éloigne un peu, mais nous restons quand même dans un cadre sportif. Comme mentionné, le BJJ reste une niche dans le monde sportif et limite d’autant plus les possibilités. Cependant, il s’inscrit également dans quelque chose de plus large, qui est le sport d’une manière générale.

Lorsqu’on est un athlète ou qu’on souhaite le devenir, le conditionnement physique fait partie intégrante de la pratique. Il n’est donc pas rare de voir des jiujitsukas qui, pour rester dans le domaine du sport, se forment pour devenir coachs sportifs. Ce qui, au final, reste cohérent. Cela permet de gagner sa vie en tant que coach, tout en continuant à s’entraîner et vivre de sa passion.

En étant coach sportif, ce qu’il y a d’intéressant, c’est que l’on ne s’adresse plus à une population plus large. L’avantage dans ce contexte, c’est que vous pouvez vraiment vous projeter sur du long terme.

Le salaire médian est de 1900€ brut par mois. Cela signifie que 50% des coachs gagnent plus que 1900€ par mois. Ce qui reste un salaire permettant à minima d’avoir une vie normale. En tant qu’athlète, cela permet d’être serein. Je laisse de côté toute la discussion autour du temps, des contraintes, de la fatigue…

Créer sa marque

Un moyen supplémentaire de pouvoir vivre du JJB est de créer une marque autour de ce sport. Alors la première idée qui vient à l’esprit, c’est la création d’une marque de vêtements. Mais au final, il n’y a pas que ça.

Il existe déjà plusieurs marques de vêtements, kimonos, ceintures, etc., créées par des jiujitsukas. On peut citer pêle-mêle :
-Groundink, qui vous permet de créer vos rashguards personnalisés
-Athleteonthemat, qui propose des kimonos, et bien d’autres.

Mais le vêtement n’est pas la seule possibilité ; d’autres sont allés vers l’aspect nutritionnel avec
-PurpleKitchen qui est sur le créneau nutritionnel
-Cleanhug qui propose des produits de beauté/ soin

Sur ce dernier point, je pense qu’il n’y a pas vraiment de limite. Plus le temps avancera, plus le marché s’élargira.

Conclusion

A mon humble avis, il est actuellement difficile de vivre uniquement de la pratique sportive du jiu-jitsu brésilien au niveau athlétique. Cependant, pour un vrai passionné qui souhaite véritablement s’inscrire dans le paysage du JJB cela est possible. En combinant les différentes sources de revenus, il est possible d’en vivre. Ainsi, en se forgeant une notoriété, en dispensant des cours et en participant à des compétitions, l’on peut dégager à un revenu correct.

Pour conclure sur une note plus positive, il faut prendre en compte que le JJB est encore à ses débuts. Il va probablement évoluer et surtout croître dans les années à venir. Il est donc essentiel de ne pas se focaliser uniquement sur la situation actuelle, mais peut-être de miser sur l’avenir. Aujourd’hui, il peut être complexe d’en vivre, mais pas impossible. Avec le temps, cela deviendra de plus en plus accessible.

Thomas_G
Thomas_Ghttps://road-to-black-belt.com
Passionné de Jiu-Jitsu Brésilien depuis des années. Aujourd'hui Blue Belt. Je vais pouvoir partager avec vous toutes les informations, questionnements, et étonnements autour de la pratique du JJB

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