Le Jiu-Jitsu Brésilien, comme tout sport, te permettra de développer un certain nombre de qualités. Ces qualités pourront t’être utiles dans ta vie quotidienne, que ce soit au travail, en famille, ou encore dans des situations critiques qui pourraient se présenter.
Disclaimer : je ne dis pas que grâce au Jiu-Jitsu tu vas devenir un grand maître shaolin, mais plutôt que tu vas découvrir et développer certaines compétences qui pourront être utilisées dans d’autres situations.
Commençons !
1- La patience
Le JJB est un sport qui nécessite de la patience. Bien que, comme dans tous les sports de combat, il y ait des phases d’attaque et de défense, ainsi que des feintes pour provoquer des réactions, il y a aussi des périodes de patience. Si l’on prend simplement le système de remise de ceintures, il faut en moyenne une dizaine d’années pour atteindre le plus haut niveau : la ceinture noire.
Contrairement à d’autres arts martiaux, où l’on peut obtenir une nouvelle ceinture de couleur en 1 an voire moins, au Jiu-Jitsu cela peut prendre plus de temps. Cela implique de rester fort, de patienter et surtout de continuer à travailler sans relâche. C’est la définition même de la patience, n’est-ce pas ?
Le deuxième point qui nécessite de la patience, en dehors de la recherche de nouvelles ceintures, c’est la technique. Encore une fois, pour que cela soit clair, il faut comparer le JJB à d’autres sports. Sans dénigrer les autres sports, car chacun a ses avantages, ses inconvénients, et ses règles, il faut admettre que le JJB est très technique. Il est donc logique que chaque nouvelle technique enseignée doive être répétée inlassablement avant d’être maîtrisée. De plus, il faut ajouter le fait que non seulement cela prend du temps, mais il faut aussi intégrer ces techniques dans son propre style de jeu. Le but étant d’avoir un jeu cohérent et fluide, pour pouvoir passer d’une technique à l’autre lors d’un combat.
2- La force
Bien que ce soit une réalité que les jiujitsukas n’apprécient pas forcément, il ne faut pas ignorer que cela existe. Sinon, il n’y aurait pas de catégories de poids et d’âge. Cependant, au-delà de la force brute, car plus tu évolues et moins tu en as besoin, c’est un fait. Le JJB reste un sport, et qui plus est, un sport de combat.
Cela implique inévitablement que ton corps va évoluer. Si tu es régulier, cette évolution sera positive. Le Jiu-Jitsu Brésilien, tout comme le Judo, est un sport de préhension, ce qui met une forte tension sur les bras, notamment. Tu remarqueras également un renforcement des doigts… ou peut-être même des fractures de doigts… pour qu’ensuite ils se renforcent… ou pas :).
Normalement, et je dis bien normalement, si tu es assidu et que tu ne fais pas l’impasse sur les entraînements, tu pourras observer un renforcement de ton système cardiovasculaire aussi.
3- La stratégie
Mieux que les échecs, j’ai cité le JJB.
J’ai déjà mentionné dans le point sur la patience à quel point l’intégration des techniques est difficile. On peut ajouter que pour exceller, il faut être un maître de la stratégie. Heureusement, c’est une capacité qui s’acquiert avec le temps.
Chaque entraînement te permet d’établir une carte des réactions humaines en fonction des stimuli appliqués, tout comme les biais cognitifs en psychologie. Une action engendre une réaction typique. Si une réaction typique se produit, cela offre potentiellement une opportunité de placer une technique appropriée à ce moment-là.
Prenons un exemple pour illustrer tout cela. L’une des réactions les plus simples à comprendre est que lorsque l’on tire la garde en début de combat en allant sur le dos, la première réaction de l’adversaire est de relever son buste. C’est ce qu’on appelle une action-réaction. Dans ce cas, l’adversaire, en sachant qu’il va tenter de se relever, offre deux solutions :
Solution 1 : On est brutal et on continue à tirer sur le col pour le garder jusqu’à ce qu’il accepte (c’est mon cas).
Solution 2 : Dès qu’il relève le buste pour dégager la main au col et ne pas se laisser entraîner dans ta garde, tu places ta Delariva et tu changes tes prises pour continuer à le gêner et prendre l’avantage. Cela peut aboutir à un sweep, une prise de dos, etc.
4- Saisie des opportunités
Une fois que la patience, la force et la stratégie sont présents, il faut garder l’esprit ouvert. Les choses ne se passeront pas toujours comme tu le souhaites, que ce soit à ton désavantage ou à ton avantage. Il faut savoir être vif et saisir les opportunités que ton adversaire pourrait t’offrir.
Il arrive souvent, lors d’un combat, que ton opposant ait une réaction qui n’est pas normale. C’est souvent un moment où une erreur est commise. Savoir saisir les opportunités lorsqu’elles se présentent est aussi important que d’avoir un game plan établi et une bonne préparation.
Prenons encore une fois un exemple concret. Ton adversaire est dans ta garde et tu tentes une clé de bras qui ne passe pas. Pour défendre, au lieu de laisser sa main sur sa hanche et de garder une bonne position, il pourrait par exemple se pencher en arrière avec son buste pour mettre de l’espace entre toi et sa main. Et là, l’opportunité se présente de lâcher sa main, de poser tes pieds au sol et de donner un coup de bassin pour le renverser sur le dos et prendre le dessus.
Il est difficile de décrire cela par écrit, mais ce qu’il faut comprendre, c’est qu’il a commis une grosse erreur. Si tu as la présence d’esprit de voir la possibilité qui t’est offerte, tu peux rapidement prendre l’avantage.
5- L’ adéquation entre esprit et corps
Rien n’est plus difficile, à mon sens, que de faire réaliser à son corps ce que l’on a en tête. Aujourd’hui, avec l’omniprésence des réseaux sociaux, on voit des milliers de vidéos par jour. Combien de fois t’es-tu dit en regardant quelqu’un faire quelque chose : « Il suffit juste de faire ça et c’est bon » ?
Alors que dire lorsque l’entraîneur montre une technique. Nous sommes tous en cercle autour de lui, en nous disant : « Mais oui, j’ai compris. » Les problèmes commencent quand tu essaies la technique avec ton partenaire d’entraînement. Tu te places et c’est là que ça se complique. Tu ne sais pas vraiment comment faire. Pourtant, quand l’entraîneur montre la technique, ça semble si simple. Tu arrives même à te voir en train de la réaliser… voire de la placer pendant le randori.
Eh bien non, nous sommes des débutants. Notre cerveau arrive à visualiser, mais coordonner les mouvements des différentes parties de notre corps, c’est une autre paire de manches.
Comme dans beaucoup d’autres sports, le jiu-jitsu brésilien nous permet de développer cette qualité et de créer un pont entre l’esprit et les membres. Plus tu pratiques, plus cette transition esprit-corps se fera rapidement.
J’ai volontairement omis la partie des micro-ajustements dont ton corps a besoin à chaque instant pour exécuter une technique. Dans ce cas, l’adéquation ne se fait pas seulement de l’esprit au corps, mais dans un incessant aller-retour. Cela donnerait quelque chose comme :
esprit -> corps, corps -> esprit, puis re-esprit -> corps… jusqu’à que la technique soit placée.
Ton cerveau a besoin de traiter l’information de l’inadéquation de ta posture. Et ensuite appliquer la technique et surtout comprendre ce qui manque pour que ça fonctionne.
Autant dire qu’à ce stade, ton corps et ton esprit deviennent des superordinateurs traitant des tonnes de données. Et la comparaison avec la technologie n’est pas anodine. Pour faire une parenthèse dans ce propos, il suffit de voir la puissance de calcul nécessaire pour une voiture autonome. Alors que pour nous, les êtres humains, en conduisant, nous ajoutons la fonction conversation, la fonction boire au volant, nous occupons des enfants à l’arrière…
Chacun des points évoqués n’est pas traité de manière exhaustive. Il y aurait encore beaucoup à dire. L’idée est seulement de matérialiser ce qui peut parfois sembler abstrait.
De plus, je pense que d’autres qualités acquises grâce à la pratique du Jiu-Jitsu Brésilien pourraient être nommées pêle-mêle : la confiance en soi, l’estime de soi, le respect…
Et toi, qu’as-tu appris en pratiquant le JJB ?
