Le Graal du JJB : la ceinture noire. Nous en rêvons tous. Nous considérons nos entraîneurs et les autres qui ont réussi à atteindre ce niveau comme des héros de guerre. Cependant, même les héros de guerre n’ont pas souvent sacrifié 10 ans de leur vie sur le champ de bataille (c’est une blague, nos amis militaires n’ont pas besoin de me tirer dessus).
Le JJB est l’un des sports les plus complexes. Non pas tant dans la philosophie – il n’y a rien d’ésotérique. Il suffit de soumettre l’adversaire. Il n’y a pas de voie du samouraï à chercher. Pas de paix intérieure à atteindre. Il n’y a que des clés à placer.
C’est précisément ce dernier point qui va prendre une éternité. Contrairement à la boxe, à la course à pied, à la natation… les mouvements sont généralement acquis rapidement.
Les autres sports
La boxe
Prenons l’exemple de la boxe. Je ne sais pas si c’est instinctif, mais depuis notre enfance, nous avons l’habitude de lever les poings lorsque nous voulons nous battre. Lever les poings et frapper sont très rudimentaires et la palette de mouvements est très limitée. Loin de moi l’idée de dénigrer la boxe, je dis simplement que la maîtrise des mouvements est relativement rapide. La courbe de progression se situera à d’autres niveaux et se fera sur des détails.
Le Run
Prenons l’exemple de la course à pied. Les mouvements, c’est-à-dire mettre un pied devant l’autre de manière répétitive, sont acquis dès l’âge d’un an. Cependant, la progression se fera sur l’amélioration des capacités physiques et la technique de la foulée, car ce sont là les éléments clés pour améliorer ses performances. Encore une fois, avant de m’attirer les foudres des coureurs, il y a plus de subtilités mais pour l’exemple, je simplifie.
Le but étant de montrer le contraste entre la majorité des sports et le JJB.
Ton évolution au JJB
Lorsque l’on aborde le sujet du JJB, presque tous les mouvements doivent être appris. Le simple fait de se retrouver sur le dos et de combattre dans cette position est quelque chose dont nous n’avons pas l’habitude. Un des avantages de l’UFC était de montrer que les gens peuvent se débrouiller debout, même en lutte, mais une fois en position de tortue, il n’y a plus personne.
Je pense que tout le monde se souvient à quel point son premier cours a consisté en un enchaînement de soumissions subies. Il y a aussi une distinction fondamentale entre réussir à se défendre et appliquer une soumission.
À mon sens, apprendre à se défendre est plus simple et plus rapide que de pouvoir placer une clé ou une guillotine. Encore une fois, il suffit d’observer les combats de MMA. De nombreux combattants sont parfois d’un niveau moins avancé que leur adversaire, mais cela ne signifie pas qu’ils se font soumettre. Bien entendu, je ne néglige pas l’aspect du striking, qui change complètement la physionomie du combat.
Nous pouvons explorer notre évolution dans le JJB à travers chaque grade comme fil conducteur.
La ceinture blanche
Pour être honnête, je pense que c’est la ceinture la plus cool. Même si l’écart entre celui qui vient d’arriver et celui qui est proche d’obtenir sa ceinture bleue peut être énorme, à mon sens, c’est celle où l’on s’amuse vraiment.
Chaque nouvel entraînement est une découverte. Toute soumission infligée est une victoire. Chaque partenaire est un défi, car il n’y a pas de niveau moins avancé que le nôtre.
C’est le moment où l’on intègre les bases, que ce soit au niveau de la garde, des attaques ou de la défense. De plus, nous découvrons notre corps comme un nouveau-né. Comme mentionné plus haut, tu pourras constater que la sensation d’être sur le dos ou bloqué dans une garde est très bizarre, voire même dérangeante.
Le corps, au fur et à mesure des entraînements, commence à trouver ses repères. Tu commences aussi à faire des choses sympas petit à petit.
Mais il ne faut pas se mentir, la ceinture blanche reste l’une des plus difficiles. C’est là où il y a le plus d’abandons. Si je te saoule avec ma vie, je te dirai que j’y suis resté bloqué pendant 8 ans. Et ouais, à ne pas être régulier, c’est ce que l’on gagne.
Et pour être totalement franc, à chaque retour à la salle, c’était une désillusion totale. Mais j’en reparlerai sans doute dans un article dédié. Notamment que dans cet espace-temps où je suis resté blanc, d’autres ont obtenu leur ceinture noire.
En résumé, la ceinture blanche est un moment de découverte. C’est aussi le moment de poser les bases, mais qui ne seront pas définitives, car trop de choses nous échappent encore. Tout en sachant que la ceinture bleue, pour un blanc, est vue comme la finalité.
Tu sais, c’est un peu se dire, « quand je serai bleu… après ça ira mieux ».
La ceinture bleue
Aujourd’hui, je peux en parler car je l’ai enfin obtenue. J’en suis fière et toi aussi, tu y arriveras si tu lis ces quelques lignes et que tu es encore à la première étape de ton voyage.
La ceinture bleue est un véritable accomplissement, non pas parce que c’est une finalité, mais parce que c’est la première ceinture que l’on mérite. En effet, la ceinture blanche est attribuée par défaut, donc tout le monde l’a. En revanche, pour obtenir la ceinture bleue, le coach doit penser que tu as acquis les compétences nécessaires.
Nombreux sont ceux qui ne pensent pas la mériter, moi le premier. Tu te sens illégitime, alors qu’hier encore, tu étais avec les débutants. Tu as l’impression que maintenant tout le monde te regarde. Et c’est surement vrai, mais c’est parce que la ceinture bleue te va bien au teint.
En réalité, à mon sens, la ceinture bleue est la ceinture de tous les dangers. Tu deviens une cible pour les ceintures blanches. Pour beaucoup, ce n’est pas une étape de transition, mais une finalité. De plus, tu as assez de maîtrise pour soumettre tes adversaires, mais c’est à ce moment que tu comprends que tu veux faire évoluer ton jeu. Pour savoir comment élaborer un jeu, je t’invite à lire l’article qui suit.
Donc, comme je le disais, la ceinture bleue est la ceinture de tous les dangers. Pour toutes ces raisons, beaucoup abandonnent à ce niveau ou deviennent irréguliers, au point où on les appelle « les étoiles filantes ».
Cela étant dit, un peu comme lorsqu’on passe des examens, après avoir obtenu la ceinture bleue, on a généralement envie de souffler. C’est à ce moment que le danger apparaît, et que l’on risque de revenir moins souvent à l’entraînement.
Je rappelle que, en moyenne, il faut entre un an et demi et deux ans pour obtenir la ceinture bleue. Si on avait une « target », il est facile de comprendre pourquoi beaucoup ne mettent plus autant d’ardeur à l’entraînement.
Mais en fin de compte, la ceinture bleue n’est qu’une étape de transition vers l’élite.
La ceinture violette
À mon sens, et je demanderai à tous de me corriger si je dis des bêtises, la ceinture violette est la ceinture de la maturité. Elle démontre de la ténacité et une maturité dans son jeu. Joe Rogan va même jusqu’à dire que la ceinture violette est une ceinture noire en attente.
Ceux qui ont ce grade maîtrisent vraiment ce qu’ils font et commencent à sentir vraiment les mouvements du corps, les espaces que leur adversaire laisse et les erreurs. De plus, à ce niveau, tu commences à avoir un plan de jeu.
Ton cerveau connecte vraiment toutes les techniques. Tu ne soumets plus par pure opportunité, mais par stratégie. Par exemple, avec un adversaire dans ta garde, tu vas tenter de le renverser. Si le renversement ne passe pas, tu montes sur ton coude pour attraper la guillotine. Si celle-ci ne passe pas, tu passes sur la clé de bras, car tu maintenais initialement le bras pour le renversement.
Tes mouvements de corps deviennent plus fluides, tu as presque l’impression d’être plus souple. Alors qu’en fait, tu maîtrises beaucoup mieux les leviers et tu arrives à faire les micro-ajustements dont tu as besoin pour placer une soumission sans trop d’effort.
Pour finir, il ne faut pas se mentir, la ceinture violette est beaucoup plus jolie que la bleue, encore trop commune à mon goût hahaha.
La ceinture marron
A ce stade, que dire ? Tu n’es plus qu’à un pas de la dernière marche… A mon sens, les ceintures marron qui font de la compétition peuvent largement rivaliser avec les ceintures noires qui n’en font plus. Et c’est tout à fait normal. Il n’est donc pas rare de voir des marrons soumettre des noires.
Alors pourquoi sont-elles marrons et pas noires ? D’une part, parce qu’il faut passer par ce niveau intermédiaire. De plus, il y a relativement peu de compétiteurs à ce niveau, même dans les clubs réputés pour avoir un grand nombre de compétiteurs dans leurs rangs. Plus on grimpe les échelons, moins il y en a.
Pour le moment, à mon niveau, je ne vois pas vraiment de différence entre les marrons et les noirs, étant donné qu’ils me soumettent tous avec une facilité déconcertante.
La ceinture noire
Nous y voilà, la plus haute distinction… euh non, il y a encore d’autres ceintures après ça. Mais passons ce détail, car tellement peu nombreux sont ceux qui iront au-delà.
La ceinture noire démontre la maîtrise du JJB et l’abnégation qu’il a fallu pour y arriver. En général, il faut compter entre 7 et 10 ans pour atteindre ce niveau. Le chemin aura été long, et au final, seuls une poignée atteindront ce grade. On parle de moins de 1 % de la totalité des personnes qui auront débuté le JJB. Cela se comprend aisément. Dix ans de sa vie à aller jour après jour aux entraînements, il faut vraiment en vouloir.
Pour ceux qui sont curieux, j’ai publié un article abordant la démographie du JJB, autrement dit, combien il y a de combattants, combien sont ceinture blanche, bleue, etc.
Il est important de noter que c’est le seul sport où je n’ai jamais vu de passage de ceinture par agrément. Obtenir une ceinture noire représente donc une vraie dédication au sport.
J’espère que tous ceux qui liront cet article arriveront à ce stade et pourront un jour raccrocher le kimono avec fierté… euh non, à ce qu’il paraît, c’est à ce moment-là que l’on commence vraiment à s’amuser !
Alors dis-moi, où en es-tu ? Depuis combien de temps pratiques-tu ?
