L’abandon par les ceintures bleues, est un phénomène qui est moins visible que l’abandon par les ceintures blanches. Cela est principalement dû au fait qu’il y a moins de ceintures bleues dans les académies. Cependant, il est intéressant de noter que ce curieux événement existe. Une fois promus, les nouveaux porteurs de la ceinture bleue commencent à venir moins régulièrement aux entraînements. Cela jusqu’à disparaître complètement, tels des étoiles filantes.
Pourquoi y-a-t-il autant d’abandon des ceintures bleues ?
1- Le but ultime : la ceinture Bleue
Mise à part quelques rare cas, comme par exemple les judokas qui étaient ceintures noires et qui peuvent se voir attribuer directement la ceinture bleu, le commun des mortels commence à la ceinture blanche. Donc par défaut, la blanche n’est pas une ceinture que nous méritons. Ce qui fait par conséquent que la ceinture bleue est le but de tout débutant.
Qui en fait un sport différent des autres arts martiaux, même si l’on considère que le JJB est un art martial, où la remise de ceinture n’est pas systématique. Lorsqu’on regarde le karaté ou le judo, on peut être assez certain que si l’on est régulier tout au long de l’année, on obtiendra le grade suivant à la fin de celle-ci.
En JJB, le temps nécessaire est plus long et plus incertain. Ainsi, objectivement, la ceinture bleue est si difficile à obtenir qu’elle peut devenir, à elle seule, un but ultime.
Et donc, une fois que la ceinture bleue est attachée autour de la taille, c’est un peu comme si on avait atteint son objectif. Comme dans tous les domaines, une fois que nous atteignons nos objectifs, nous avons tendance à nous lasser. Beaucoup de pratiquants se retrouvent dans cette situation. Ayant fait de cette ceinture leur Graal et ayant consacré au moins deux ans d’entraînement, il est compréhensible qu’une fois obtenue, ils perdent en motivation.
À mon sens, c’est aussi le problème fondamental : avoir fait de la ceinture un but. Tous les pratiquants qui sont encore sur les tatamis vous le diront : « La ceinture sert à attacher la veste ». Bon faut relativiser le conseil car généralement c’est une ceinture noire qui vous le donne. Facile à dire, une fois ceinture noire, je serai d’accord avec toi.
2- Un manque de légitimité et une remise en question
Moi le premier, je me retrouve dans cette catégorie. J’ai l’impression de ne pas être légitime lorsque je porte cette ceinture. Comme si le coach s’était trompé. Ce manque de légitimité tend à s’accompagner d’une remise en question qui peut facilement nous faire régresser, voire pire, nous faire abandonner.
Lorsque nous sommes fraîchement promus, finalement nous sommes encore des ceintures blanches avec la mauvaise ceinture. Hier encore, nous nous battions contre des ceintures blanches comme nous, sans pression et presque à armes égales. Aujourd’hui, nous portons tout le poids de la décision du coach sur nos hanches. Nous devenons une cible à abattre pour nos anciens partenaires de galère et nous ne sommes pas encore assez forts pour battre les anciennes ceintures bleues.
Et je comprends, encore une fois, que pour beaucoup, cette ceinture est difficile à porter. Avec le temps, certains peuvent trouver cela encore difficile de se faire soumettre par des ceintures blanches. Non pas par arrogance, mais parce que le passage de grade dans nos têtes signifie être plus fort.
Pourtant, au fond, ce n’est pas vraiment vrai. Il y a de nombreux critères qui entraînent cette promotion et qui ne sont pas liés au fait d’être plus fort que les autres ceintures blanches. De plus, le niveau des ceintures blanches est tellement disparate qu’il est difficile de résumer simplement la ceinture bleue de cette manière.
Ainsi, ce sentiment de manque de légitimité et de remise en question peut, comme mentionné précédemment, conduire à un abandon des ceintures bleues. Il est difficile pour l’ego de venir et de perdre, de continuer à se battre alors que dans notre esprit, nous sommes censés être plus forts que ceux de niveaux inférieurs.
La ceinture bleue est lourde à porter. Il faut simplement comprendre qu’elle ne récompense pas un pseudo-classement où toutes les ceintures blanches sont moins fortes que nous. Elle récompense l’assiduité, la ténacité, la montée en compétence… et il ne faut pas se prendre la tête et continuer à venir faire ce que nous aimons faire… s’entraîner avec nos amis.
3- Trop de confiance
Pour d’autres, au contraire des précédents, ils pensent que la ceinture bleue leur confère un titre qui définit réellement leur supériorité par rapport aux ceintures blanches. Cela se traduit par un excès de confiance en leurs capacités.
Cela a comme conséquence bizarre de les faire venir moins souvent à l’entraînement. C’est un peu comme lorsqu’on devient trop bon dans un domaine. On commence à s’ennuyer et à être moins investi. La différence avec le JJB, c’est que généralement, cela se passe uniquement dans la tête de la personne promue qui se pense soudainement au-dessus des autres.
À force de venir moins souvent, que se passe-t-il ? Les autres évoluent et nous rattrapent. Très rapidement, ils nous dépassent même. Et un jour, lors d’un entraînement, on se rend compte que les autres sont à égalité avec nous. Voire même parviennent à nous soumettre.
Cela entraîne, comme pour la catégorie précédente, une remise en question qui souvent conduit à une perte de motivation. Cette perte de motivation conduit à l’abandon.
En conclusion, je pense que la ceinture bleue est un véritable test. Elle permet de différencier ceux qui aiment le JJB et ceux qui pratiquent le JJB comme s’ils pratiquaient la Zumba. Si vous avez des ceintures bleues qui continuent à venir assidûment, parfois même plus qu’avant, veuillez les respecter.
Vous passerez certainement par ces doutes et questionnements. Si vous êtes des ceintures violettes ou supérieures, vous savez de quoi je parle, alors laissez nous vous soumettre pour entretenir notre flamme. Noooooon, je rigole, défoncez les ceintures bleues
